Excerpt from De la Théorie des Lieux Communs dans les Topiques d’Aristote Et des Principales Modifications qu'Elle A Subies Jusqu'à Nos Jours: Thèse Présentée A la Faculté des Lettres de Paris (Classic Reprint)



A ce discrédit des Topiques mêmes vint se joindre ensuitelc discrédit de la matière qu'ils traitent, c'est — ù — dire des lieux communs. Depuis long — temps, il semble admis que ce n'est qu'une vieilleriè peu près inutile. On ne s'en occupe dans les traités de rhétorique que par un reste d'habitude ou par respect pour les traditions de l'antiquité; mais ces débris du passe sont menacés de disparaître à la première réforme des études. Quelques — uns des rhéteurs anciens les plus fameux ont contribué eux-mêmes à décrier les lieux communs. On sait que Quintilien en fait peu de cas. Il le énumère comme des choses qu'il est bon de connaître, mais dont il'vaut mieux se passer. Il ne s'agissait pourtant que des lieux de la rhéto rique, qui sont un simple abrégé de la topique générale des dialecticiens. Que devait — il penser de cette dernière? On peut voir par l'exemple des logiciens de port-royal l'opinion qu'on se fait depuis long — temps des lieux de la dialectique. Ces eu teurs no les trouvent pas seulement inutiles ils les trouvent nuisibles. Car, disent — ils, tout ce qu'on peut prétendre par cette méthode est de trouver sur chaque sujet diverses pensées générales, ordinaires, éloignées… Or, tant s'en faut qu'il soit utile de se procurer cette sorte d'abondance, qu'il n'y a rien qui gate davantage le jugement Repoussée par les esprits sérieux, la topique tomba bientôt dans le mépris les lieux communs ne désignent plus aujourd'hui en littérature et en philosophie que tout ce qui est banal et vulgaire; on ne leur épargne ni l'épigramme ni le ridicule, comme 'a tout ce que la faveur publique a abandonné. Ll faut presque du courage pour entreprendre leur défense.